Saint Trojan – Domaine du Centre Hélio Marin

Après les débarquements successifs sur le territoire français à partir du 6 juin 1944, le département de la Charente-Maritime se trouve libéré dès septembre 1944. Toutefois, les Allemands constituent des poches de résistance sur La Rochelle et Royan, les îles constituant leur dernier point de repli.

L’île d’Oléron se trouve face à un territoire libéré, ce que l’occupant n’a jamais envisagé lors de l’organisation de la défense militaire, tournée vers l’ouest contre un éventuel débarquement et vers le nord pour défendre l’entrée du pertuis d’Antioche et la base de sous-marins de La Pallice. Les Allemands, pris de court, doivent en urgence réorganiser la défense de la côte est, face à un continent libéré, et de la côte sud dont la forêt de La Coubre, toujours sous contrôle allemand, pourrait vaciller avec la chute prévisible de Royan.

Dans ce contexte, à l’automne 1944 les Allemands constituent à la hâte une batterie à la pointe de Manson, profitant de l’existence des bâtiments du sanatorium, aujourd’hui le Domaine du Centre Hélio Marin. L’emplacement est idéal : il permet, à l’est, de défendre la citadelle du Château d’Oléron et l’embouchure de la Seudre et, au sud, de protéger une partie de la baie de Gatseau et Ronce-les-Bains.

La structure des bâtiments (en longueur, nombreuses fenêtres orientées essentiellement est et ouest, étages) ainsi que leur emplacement les uns par rapport aux autres en font une position qu’il serait possible de défendre en cas d’attaque.

Cette batterie est codée Huhn (Poulet, en suivant le schéma de nommage des batteries de l’île qui ont un nom d’animal) et regroupe un effectif de 10 à 15 soldats doté d’un canon de calibre 75mm sur roues, probablement extrait des batteries du nord de l’île qui ont été dégarnies afin de défendre en urgence la partie sud.

La position subit plusieurs bombardements, dont celui du 3 avril 1945 qui a causé la perte d’une surveillante, Camille Morandeau, à l’âge de 56 ans.

Le 30 avril 1945, jour de l’opération Jupiterde la libération de l’île, la 9e compagnie du 3e bataillon du 158e régiment d’infanterie du capitaine Langlois (constituée essentiellement d’anciens membres des Forces françaises de l’intérieur, dits FFI, venant entre autres du Gers et de Dordogne) a pour ordre de progresser sur la pointe de Manson en passant par le marais des Bris.

Arrivant depuis la maison Pacaud au sud-est (actuel emplacement de l’hôtel restaurant L’Albatros et des bâtiments récents), ils prennent le sanatorium sans difficulté vers 10h30. Une garnison de 10 Allemands, qui devait se replier mais dont l’ordre de repli n’est jamais arrivé grâce à la capture du messager, est délogée des bâtiments à l’aide de coups de semonce tirés dans les fenêtres et dont les impacts sont encore visibles aujourd’hui. La garnison est faite prisonnière et le canon est pris.

Le sanatorium, futur domaine du Centre Hélio Marin, devient ainsi, après la pointe de Gatseau et avant le village de Saint-Trojan, une des premières zones libérées sur l’île d’Oléron. La compagnie, motivée par cette conquête facile, progresse ensuite rapidement sur Saint-Trojan et participe à la prise de la maison forestière des Bris où des Allemands s’étaient repliés.


Plaque réalisée en collaboration avec