Le Château

CITADELLE – LE CHÂTEAU

Un enfant du Château, René Garnier 14 ans, écrit:

16 avril, M. Bourgeois est blessé chez lui, rue Alsace Lorraine, rue très agressée par les obus venus du continent. Il est atteint à la tête par un éclat et s’est rendu lui-même à l’hôpital. Le soir, deux classes de l’école des filles sont en feu… Mardi 17 avril, il est 16 heures, je suis dans le jardin à enlever les mauvaises herbes, tout est calme autour de moi, je siffle, c’est le printemps.
Les nouvelles de l’extérieur ne nous parviennent plus depuis le mois de janvier, ce jour du 15 janvier, date de destruction de Royan qui a fait 1000 victimes civiles… Malgré tout, nous avons confiance, nous savons que désormais, notre libération n’est plus qu’une question de mois, de jour; mais à quel prix?
Un avion d’observation « un mouchard » des FFI survole Gibou, il est très haut, il tourne, retourne au dessus du Château.
La petite batterie perchée sur le toit du Moulin de la Côte, crache rageusement ses salves de projectiles dans le ciel.
À ce moment là, il est 17h 20. Tout à coup, un grondement de moteurs d’avions qui va en s’amplifiant, devient même sinistre. Mais combien sont-ils? je n’ai pas le temps de réfléchir à ce moment là.
La terre tremble sous mes pieds, les oiseaux ne chantent plus. C’est comme si le ciel « dégringole » sur ma tête. Bruit d’enfer de bombes qui tombent sur la citadelle toutes les deux minutes. Je cours vers la maison, mais arrivé devant le puit communal, cela recomence. C’est terrifiant, je me couche à l’abri du puit.
Je crois que les bombes tombent sur Gibou tellement je vis ce bombardement alors qu’en réalité la citadelle se trouve à deux kilomètres à vol d’oiseau. Je m’avance en rampant et tout à coup j’aperçois un immense nuage de fumée noire qui flotte au dessus du Château et tout en haut de ce nuage, de petits points gris qui tournent. Je me lève, je cours vers la maison me mettre à l’abri sous le hangar. Toutes les deux minutes, la terre tremble, cela dure au moins vingt bonnes minutes.
À l’abri, mes parents, mon frère sont là, je dis simplement: c’est la citadelle.
18 heures, c’est fini, le bruit assourdissant est remplacé par un silence de mort, pas un bruit dans le village, personne n’ose sortir, nous allons manger en vitesse car les canonnades reprennet.
Samedi 28 et dimanche 29 avril, les duels d’artillerie sont continuels sur l’île, les avions lâchent leurs bombes et mitraillent Méré, Boyard et la Dresserie. nous passons toute la nuit du dimanche 29 au lundi 30 avril dans notre abri.
La nuit est illuminée par un feu d’artifice bicolore jaune rouge, le bruit est infernal, le sol tremble.
Avons-nous peur? papa, maman, mon frère et moi, blottis dans cet abri de fortune? Non nous ne pensons qu’à notre libération que nous savons toute proche. Jusquà midi, nous restons calfeutrés.
14 heures, nous sortons dans la rue, au loin, nous enttendons le bruit de rafales d’armes automatiques, les lâchers de bombes des avions sur la Giraudière.
À cette heure là, nous sommes à moitié libérés, plusieurs gars de Gibou, de la Gaconnière font partie des Forces Françaises de l’intérieur, ils ont là avec leur brassard FFI bleu, blanc et rouge au bras.
Le drapeau français est prêt chez nous depuis longtemps, ma mère l’a confestionné avec des bouts de tissus, je l’accroche au portail.
17 heures, nous enttendons un bruit de moteur sur la route de la Gaconnière à Gibou. Les voilà, les voilà!
Des jeunes soldats, fussils à la main, arrivent en souriant. Deux chenillettes suivent, elles sont surmontées de mitrailleuses.
Tout le village de Gibou se précipite pour saluer nos libérateurs en leur serrant les mains, les ambrassant, leur offrant le cot de pineau.
Une femme passe à vélo indifférente.

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