La Résistance sur le Continent

En juin 1940, les troupes allemandes envahissent la France. Elles entrent à La Rochelle le 23 juin et occupent rapidement l’ensemble du département.

Au début de cette occupation, la population est indignée. Mais ceux qui passent à l’action sont peu nombreux. Pour les dissuader, le Gouvernement de Vichy rédige et placarde des avis à la population, précisant les dangers et les sanctions encourus par les résistants et francs-tireurs.

Néanmoins, peu à peu, des groupes se forment et s’organisent.

Le plus important d’entre eux porte le nom de « Honneur et Patrie », installé à La Rochelle. Il se rattache à l’hiver 1943 à l’OCM (Organisation Civile et Militaire), qui n’est autre qu’un « Mouvement de Résistance ».

Ce groupe de résistants rochelais s’est formé à l’initiative de Léopold ROBINET, directeur d’un cabinet de contentieux.

Grâce à Raymond BOUCHET, instituteur, Léopold ROBINET recrute des personnes qui constituent son état-major. On y compte Edmond GRASSET, le Colonel LISIACK et Jean GARNIER.

Le groupe dispose de moyens de communication avec Londres. Edmond Grasset est en liaison avec « Bêche » et « Libération Nord ». Il est également responsable régional du réseau CND-Castille (Confrérie Notre Dame – Castille, l’un des réseaux de renseignement du Bureau Central de Renseignement et d’Action). Eugène LISIACK est le chef départemental de « Centurie », le réseau de renseignement de l’OCM. Il se rend à Paris fréquemment pour y rencontrer le colonel TOUNY, responsable du réseau.

Le 8 février 1943, Jean GARNIER est nommé chef départemental de l’OCM. Il est responsable des secteurs de Saintes, Marennes, Jonzac, Royan et La Rochelle. En avril de la même année, il est remplacé à ce poste par Léopold ROBINET et se voit rattaché à l’état-major régional de Bordeaux.

Deux organisations parallèles sont mises en place, l’une militaire et l’autre civile.

Le 15 juin 1943, à Royan, le général BRUNCHER constitue l’état-major départemental de l’Armée Secrète. Il a choisi comme adjoint le colonel LISIACK en lui confiant la Zone Nord-Ouest (LA Rochelle-Rochefort)

Côté organisation civile, c’est Léopold ROBINET qui est désigné Préfet de la Libération. Il est secondé par Edmond GRASSET, Jean HAY et Léopold DUSSAIGNE qui ont respectivement en charge les zones Nord-Ouest, Sud-Ouest et Sud-Est du département.

Les activités d’ « Honneur et Patrie » sont tournées vers la libération du territoire. Ainsi, il fournit des renseignements précieux à Londres sur les forces d’occupation, leurs dispositifs ou encore leurs mouvements. Il s’occupe d’obtenir des armes grâce aux parachutages et entraînent les groupes au combat.

Une autre activité du groupe, consiste à aider les personnes recherchées (aviateurs alliés abattus, prisonniers évadés ou réfractaires au STO).

A la fin de 1943, le groupe « Honneur et Patrie » est démantelé. Trahison?, imprudence?, toujours est-il qu’entre le 13 septembre et le 22 octobre 1943, 77 membres de cette formation sont arrêtés. Tous sont transférés au Fort du Hâ à Bordeaux et jugés par un tribunal militaire allemand.

21 d’entre eux sont condamnés à mort:

Raymond BADIER (34 ans); Alexandre DAUNAS (19 ans); Marcel DEFLANDRE (42 ans); Marcel DUC (33 ans); Robert ETCHEBARNE (32 ans); Pierre GAUTHIER (42 ans); Raphaël GERARD (45 ans); Jean GORICHON (26 ans); René GORICHON (22 ans); Maurice LEPIE (20 ans); Eugène LISIACK (58 ans); André ONILLON (22 ans); Jacques PALACIN (35 ans); Victor PECHON (44 ans); Christian PELLEREAU (18 ans); Louis PRUNIER (57 ans); Louis RAMBAUD (47 ans); André ROBERT (41 ans); Léopold ROBINET (47 ans); Raymond ROUX (33 ans); Pierre WIEHN (29 ans). Ils quittent le Fort du Hâ pour Souges en chantant la Marseillaise. Ils seront fusillés le 11 janvier 1944, Louis PRUNIER le 1° février 1944.

38 sont condamnés à la déportation, 26 y trouveront la mort:

Pierre BALLURET; François BIJOUX; Louis BOUCHET; Raymond BOUCHET; René CHAZEAUX; Léopold DUSSAIGNE; Jean GAUTHIER; Eugène GERBAUD; Jean GIRERE; Victor GUENON; Georges GUERINAULT; Jean HAY; Yves JEAN ex BERTRAND; Paul JOUINOT; Espérance LAURENT; Antoine MANGOT; Léon MAUDET; Jean MANCIERE; Marcel NEAUD; Marcel OJORIAS; Clotaire PERDRIAUD; Alcide POCHON; Adolphe PRIVE; James RENAUD; Raymond RIDEAU; Pierre ROBERT

12 ont survécu à la déportation: Guy BARREAU; Pierre BOBRIE; Jean CHAUVIN; Henri GAYOT; Franck GEOFFROY; Joseph GAUDIN; Pierre JOLLINIER; Alexis MAROT; Paul MOREAU; André SANOUS; Paul SIGURET; Charles VICTOR

15 seront libérés après un internement de 3 mois:

Honoré BEGUIN; Raymond BESSON; Ludovic BOURRON; Emile CARRE; Emile CHAUVET; Roger DENIS; Maurice GAUTREAU; Gabriel JABINET; Yves LEJOLIVET; Laurent PINAULT

Émile PRINTEMPS, Raymond RAOULT; Lucien SAGOT; Marcel TETARD; Jules VALENS

Et à cette arrestation de septembre et octobre 1943, il faut ajouter:

La déportation de 5 jeunes d’un groupe arrêté au cours d’une tentative pour rejoindre les FFL:

Fernand AUNIS; Guy BETFORT; André GIRERE; Jean LIBOT; Ernest UGILLE.

L’exécution de 5 survivants du groupe de Ferrière d’Aunis, fusillés sur place le 16 septembre 1944

Maurice BALLANGER(48 ans); Paul CHATELIN (47 ans); André RAUT (29 ans); Philippe BONNEAU et Mrcel DANGALY

Et la mort de 2 jeunes d’Angoulins qui cherchaient à joindre le maquis:

Robert ESQUERRE; Robert DELLAROSSA

Le bilan est catastrophique. Le groupe « Honneur et Patrie » est complètement anéanti. Néanmoins, quelques hommes réussissent à passer au travers des mailles du filet tendu par le Gestapo, notamment dans le secteur de Saint Jean d’Angély, où Georges TEXIER, prévenu du danger par Raymond BOUCHET, parvient à son tour à alerter les groupes de son arrondissement.

Mais le démantèlement les prive de contacts, ils n’ont plus d’armes, les caches ayant été découvertes une à une.

Après septembre 1943, les survivants se regroupent. Le Commandant THIBAUDEAU devient, à l’automne 1943, chef départemental de l’AS alors que le général BRUNCHER et sa femme sont en fuite. Il constitue un état-major départemental.